Renforcer l’état de préparation pour répondre au nombre croissant de maladies zoonotiques en Afrique
Brazzaville – Les actuelles épidémies de maladie à virus Marburg en Guinée équatoriale et en Tanzanie sont les dernières maladies zoonotiques signalées dans la Région africaine. La Région a connu une hausse de 63 % de ces épidémies entre 2012 et 2022 par rapport à la décennie précédente. Les maladies zoonotiques représentent approximativement 32 % des épidémies de maladies infectieuses signalées dans la Région entre 2011 et 2022. Le Dr Tieblé Traoré, chargé technique de la préparation aux urgences au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, explique comment les pays africains devraient se préparer à riposter efficacement aux épidémies de maladies zoonotiques telles que Marburg.
Quels sont les facteurs expliquant la survenue plus fréquente des épidémies de Marburg ?
Depuis 2020, quatre épidémies de Marburg ont été signalées en Guinée, au Ghana, en Guinée équatoriale et en Tanzanie, contre seulement trois épidémies entre 2010 et 2020. Marburg n’est pas la seule maladie zoonotique pour laquelle nous observons des épidémies plus fréquentes en Afrique. En 2019 et 2020, les pathogènes zoonotiques représentaient environ 50 % des évènements de santé publique. La maladie à virus Ebola et d’autres fièvres hémorragiques virales telles que Marburg constituaient près de 70 % de ces épidémies.
Cette hausse du nombre de cas de maladies zoonotiques peut être due à plusieurs facteurs, parme lesquels des déterminants humains, animaux et environnementaux. L’Afrique fait face à plusieurs défis, dont les modèles de migration animale et humaine, une mauvaise application des réglementations vétérinaires en lien avec la consommation de viande, le commerce de la faune sauvage, un system alimentaire complexe, des médicaments antimicrobiens mal contrôlés et de mauvaise qualité, l’utilisation des terres, une perte de la biodiversité et d’autres facteurs. Tout cela augmente la survenue de maladies mortelles émergentes telles que Marburg.
Comment les pays peuvent-ils atténuer les risques et prévenir les épidémies ?
Une fois qu’une maladie zoonotique est détectée, les pays doivent être prêts à rapidement mobiliser des ressources pour prévenir la propagation de la maladie, prévenir et prendre en charge les cas, et impliquer les communautés pour une riposte solide et efficace.
Ceci dit, l’état de préparation est essentiel. Bien que nous ne connaissions pas encore l’origine des épidémies de Marburg en Guinée équatoriale et en Tanzanie, nous savons qu’il y a des capacités croissantes en Afrique pour reconnaître et tester des échantillons pour les fièvres hémorragiques virales comme Marburg et Ebola. Cette détection et les déclarations d’épidémie signifient que le public est davantage conscient qu’une maladie potentiellement dangereuse circule au sein des communautés. Cela permet aux personnes formées à la gestion des épidémies de rapidement répondre à de tels évènements, y compris en offrant une expertise technique ou en envoyant des fournitures médicales. C’est pourquoi il est essentiel de travailler avec les communautés afin de les sensibiliser à des maladies zoonotiques potentiellement dangereuses, telles que Marburg, ainsi qu’à la façon dont elles peuvent être contractées et comment alerter les autorités sanitaires.
Pour aider à faire face à la hausse des maladies zoonotiques, quatre agences des Nations unies – L’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture, le Programme des Nations unies pour l’environnement, l’Organisation mondiale pour la santé animale et l’OMS – ont appelé à une action mondiale renforcée pour atteindre l’objectif « Une seule santé », qui vise notamment à renforcer les systèmes de santé et constitue une approche globale en réponse à des défis pressants et complexes auxquels notre société fait face.
Qu’est-ce que l’OMS fait pour aider les pays à gérer ce risque ?
L’OMS travaille avec ses États Membres pour renforcer leurs capacités à se préparer, à prévenir, à se protéger, à répondre rapidement et à se remettre des urgences sanitaires, parmi lesquelles les épidémies de Marburg en cours. Il est essentiel que les travailleurs de la santé soient bien formés et équipés pour rapidement détecter les maladies infectieuses et déclencher une riposte appropriée. L’Organisation a soutenu les pays pour renforcer leurs capacités de laboratoire, a organisé des exercices de simulation conjoints pour tester et améliorer l’état de préparation aux urgences de santé publique. A travers son projet phare de préparation et de riposte d’urgence, l’OMS vise à promouvoir la résilience des systèmes pour les urgences, renforcer et impliquer les groupes de riposte aux urgences et transformer les systèmes de surveillance aux maladies de l’Afrique.